Le rapprochement BMCI – CDM : scénario crédible au centre des tractations Holmarcom / BNP Paribas
Stock Market Vendredi 12 Decembre 2025

Le rapprochement BMCI – CDM : scénario crédible au centre des tractations Holmarcom / BNP Paribas

La perspective d'une fusion-absorption entre la BMCI et la CDM s'appuie sur une forte cohérence industrielle. Ces deux institutions bancaires affichent une complémentarité notable sur des secteurs d’activité cruciaux, bien que leurs profils en matière de rentabilité et de gestion des risques demeurent structurellement distincts.

Si les deux établissements évoluent dans des ordres de grandeur comparables en termes de Produit Net Bancaire – s’élevant respectivement à 3,8 milliards de dirhams pour la BMCI et 3,3 milliards pour la CDM en 2024 – leur structure de coûts constitue le point de divergence le plus marquant. L’efficacité opérationnelle de la CDM, renforcée depuis son intégration au giron du groupe Holmarcom, se traduit par un coefficient d’exploitation de seulement 48 %, nettement inférieur aux 58 % affichés par la BMCI. Cette disparité se chiffre à près de 600 millions de dirhams de charges d’exploitation additionnelles pour la BMCI, à niveau de PNB similaire. Cet écart se répercute directement sur la rentabilité : le résultat net de la CDM atteint 740 millions de dirhams, soit plus du double de celui de sa potentielle future partenaire. Il est à noter, cependant, que la taille de leurs bilans reste voisine, avec des fonds propres se situant respectivement à 7,3 et 7,9 milliards de dirhams.

Au-delà des performances opérationnelles, la qualité des actifs introduit une autre différence significative. Le taux de créances douteuses et litigieuses (NPL) s’élève à 11,7 % chez la BMCI, contre un 7 % plus favorable pour la CDM, dont le portefeuille est généralement considéré comme plus sain. Bien que le taux de couverture des provisions reste comparable pour les deux banques, avoisinant les 70 % (Provision B3/Encours B3), ce différentiel d’exposition se répercute sur le coût du risque. Celui-ci s'établit à 1,2 % pour la BMCI, contre seulement 0,7 % pour la CDM.

Ces écarts de performance se reflètent également dans l'appréciation des titres sur le marché. Les valorisations attendues pour 2026 montrent des multiples distincts. Le consensus des analystes valorise la CDM à 11,7 fois ses bénéfices projetés sur les deux prochaines années, alors que la BMCI se négocie sur un multiple d'un peu plus de 14x. Selon les notes de bureaux de recherche, la CDM bénéficierait par ailleurs d'une meilleure valorisation au regard d'autres indicateurs de référence.

Dans l’hypothèse d’un rapprochement, la création de valeur la plus immédiate réside dans la potentielle normalisation de la BMCI. Une réduction progressive de son coefficient d’exploitation, de 58 % vers l'objectif plus efficace de 50 %, dégagerait mécaniquement une amélioration substantielle de ses bénéfices. De son côté, la CDM pourrait capitaliser sur des synergies davantage qualitatives que quantitatives. Elle bénéficierait notamment de l’intégration des expertises de la BMCI, particulièrement dans la banque privée, les activités de marché et le segment du change. Ce mariage permettrait également d’optimiser l'offre globale, de mutualiser les plateformes technologiques et d'améliorer la couverture client sur les segments à forte valeur ajoutée.

Bien que les discussions entre Holmarcom et BNP Paribas n’en soient qu'à leur phase préliminaire, le scénario d'une prise de contrôle renforcée de la BMCI par Holmarcom, suivie d’une intégration avec la CDM, s’inscrit pleinement dans une logique de consolidation du secteur bancaire marocain. Cette démarche est à la fois rationnelle sur le plan industriel et potentiellement génératrice de valeur pour les actionnaires. Le succès de cette opération complexe dépendra néanmoins de la gestion des nombreux enjeux réglementaires, opérationnels et financiers. Cependant, la rapidité et l’efficacité dont Holmarcom a fait preuve, notamment lors de l'acquisition de la CDM, laissent entrevoir un potentiel important pour l’opération en cours et, à terme, une transformation profonde de la BMCI, quel que soit le schéma d’intégration finalement retenu.