Vieillissement: Le ratio de dépendance devrait atteindre 40% en 2050, contre 22,8% en 2024 (HCP)

# Le Défi Démographique Marocain : Le Vieillissement Accéléré et la Pression sur la Population Active

Le Maroc est confronté à une transition démographique qui s’accélère à un rythme soutenu, transformant en profondeur ses équilibres sociaux et économiques. Ce phénomène, autrefois perçu comme lointain, est désormais une réalité statistique aux implications majeures, comme le confirme le Haut-Commissariat au Plan (HCP).

En s’appuyant sur les résultats du Recensement Général de la Population et de l'Habitat (RGPH) de 2024, le HCP établit que la population marocaine âgée de 60 ans et plus s’élève actuellement à 5,027 millions d’individus, représentant 13,8% de la population totale. Cette tendance est loin d’être achevée, puisque les projections tablent sur un effectif atteignant 9,722 millions d’ici 2050, soit près du quart des Marocains (22,9%).

## L’explosion du ratio de dépendance

L’enjeu majeur de ce vieillissement ne réside pas seulement dans le nombre croissant de seniors, mais dans le rapport entre cette population non productive et celle en âge de travailler. Cet indicateur clé, le ratio de dépendance des personnes âgées, est une mesure approximative de la charge économique supportée par la population potentiellement active. Plus il augmente, plus la pression économique et sociale s’intensifie.

Les prévisions du HCP sont alarmantes quant à la vitesse de cette mutation. Le ratio national, qui était de 22,8% en 2024, devrait grimper à 25,2% en 2030, puis accélérer pour atteindre 31,8% en 2040, et culminer à un niveau critique de 39,4% à l’horizon 2050.

Cette progression témoigne d’une accélération fulgurante. Le ratio de dépendance, qui stagnait à 13,1% en 2004 et 14,9% en 2014, a doublé en seulement deux décennies pour atteindre son niveau actuel, illustrant l’urgence de la situation.

## La fracture démographique entre ville et campagne

L’analyse révèle une forte disparité géographique qui alourdit particulièrement le fardeau des zones rurales. En milieu urbain, l’augmentation du ratio est constante, passant de 22,6% en 2024 à 36,9% en 2050, corrélée à une concentration des personnes âgées dans les villes.

Cependant, le milieu rural fait face à une progression plus rapide et plus prononcée. Partant d’un niveau comparable de 23,1% en 2024, le ratio rural devrait s’envoler pour atteindre 46,6% d’ici 2050, un niveau nettement supérieur à celui des zones urbaines.

Cette disparité s'explique, selon le HCP, par un double effet. D’une part, l’émigration des jeunes vers les centres urbains réduit la base de la population active dans les campagnes. D’autre part, la conjugaison de la baisse des taux de natalité et des conditions d’accès aux soins potentiellement moins favorables qu’en ville contribue à ce déséquilibre.

## Implications et leviers d’action

Ces constats pèsent lourdement sur l’organisation des services sociaux et de la protection sociale. En plus des impératifs de soins de santé, la productivité nationale est mise à l'épreuve. Face à une population active proportionnellement réduite, il est impératif non seulement de maintenir, mais d’accroître la productivité globale, nécessitant des investissements ciblés dans la formation, l’employabilité et l’innovation.

Pour faire face à cette réalité, le HCP met l’accent sur deux réformes structurelles prioritaires.

Premièrement, la **réforme du système de retraites** est identifiée comme un levier central pour garantir l’élargissement de la couverture des pensions, en ciblant notamment les travailleurs du secteur informel, une nécessité particulièrement criante en milieu rural.

Deuxièmement, il est tout aussi essentiel de **renforcer significativement les infrastructures de santé**, notamment dans les zones rurales. Cet effort permettrait de réduire les inégalités d’accès aux soins et, par conséquent, d’alléger la charge de prise en charge qui repose souvent exclusivement sur les familles.